Bonjour Chères Lectrices et Chers Lecteurs,
L’objectif de ce blog est de répondre aux questions que peuvent se poser les patients sur les troubles du sommeil et de la vigilance. Commençons par l’approche diagnostique lors de la première consultation.
L’approche globale
Lors de la première consultation, l’orientation diagnostique dépend des symptômes qui peuvent être parfois rapportés de façon biaisée. Le patient peut :
- parfois difficilement reconnaître l’importance d’un symptôme s’il ne survient qu’épisodiquement. S’il ne survient qu’une fois par semaine, cela peut signifier qu’il n’est pas sévère, mais qu’il est quand même présent. Un bâillement survenant vers 11 h du matin doit attirer l’attention du médecin. Celui survenant le soir, vers 23 h — minuit, a habituellement moins d’intérêt.
- nier un symptôme pourtant évident pour l’entourage. En consultation, le ronflement est souvent rapporté par le conjoint. Une somnolence excessive est souvent sous-estimée ou niée sincèrement : « Non, je ne dormais pas… disait un patient, assis sur son canapé, face à la télévision, yeux fermés, tête penchée en avant »…
- n’attribuer un symptôme qu’à une seule cause, évidente pour lui. Par exemple, pour une fatigue excessive : « je travaille trop, docteur, je sais bien ». Or, les causes de fatigue sont multiples. Des apnées, une dépression, une surcharge de travail, un conflit professionnel, une autre maladie, un traitement peuvent induire une fatigue excessive…
- mal percevoir la qualité de son sommeil. La mauvaise perception du sommeil est définie par une discordance entre la perception du sommeil par le patient et ce qui est observé lors de l’examen polysomnographique. Cette discordance est fréquente chez les insomniaques. Elle existe également chez les apnéiques.
Les symptômes des troubles du sommeil et de la vigilance sont le plus souvent peu spécifiques : un mauvais sommeil peut être lié à des apnées, à une anxiété, à une mauvaise hygiène de sommeil… Plusieurs troubles du sommeil sont souvent associées chez un même patient.
Cette association peut être délétère, un trouble pouvant gêner le traitement de l’autre. Par exemple, une anxiété trop importante peut empêcher un patient d’utiliser ou de tolérer le traitement de ses apnées. Il est donc nécessaire de traiter les apnées et l’anxiété concomitamment. Ceci nécessite d’envisager de manière exhaustive les causes potentielles des symptômes.
Un interrogatoire, l’utilisation de questionnaires de dépistage, un examen clinique permettent de rechercher des arguments en faveur de nombreux troubles y compris ceux pour lesquels le patient ne consulte pas. Un patient suspect d’apnées peut être dépressif. La dépression n’étant pas facilement exprimée, l’utilisation systématique de questionnaires de dépistage de ce trouble peut donc se révéler utile.
À la fin de la première consultation, le médecin conclut au risque faible ou élevé qu’a le patient de présenter telle(s) pathologie(s). Il lui propose une stratégie diagnostique pour prouver ses hypothèses, incluant ou non un examen du sommeil.
À bientôt.
Docteur Alain Lurie